Monday, May 10, 2010

May 10, 2010 - L'Orient le Jour - Deadlock in Lebanese-Syrian Relations

L’assainissement des relations libano-syriennes au point mort

Par Émile Khoury

LE COMMENTAIRE

Des milieux politiques craignent que le retour aux tiraillements entre Washington et Damas ait un impact négatif sur les contacts visant à améliorer les relations libano-syriennes, qui ont urgemment besoin d'être réécrites sur une page vierge - des contacts qui vont extrêmement lentement : la Syrie n'est visiblement pas très pressée à ce niveau-là.
Ainsi, depuis le premier sommet Sleiman-Assad jusqu'aux dernières négociations entre les deux parties, en passant par la rencontre Hariri-Assad, pas la moindre ligne n'a été écrite sur cette page ; pire : il semblerait même que l'ancienne n'a pas été tournée, sans compter que le seul acte concret, l'établissement de relations diplomatiques entre les deux pays, soit purement formel et réduit à sa simple expression protocolaire. C'est toujours le Conseil supérieur libano-syrien qui joue le rôle censé être celui de l'ambassade de la rue Makdessi, toujours Nasri Khoury qui assiste aux réunions bipartites et qui se fend de déclarations à chaque fois qu'il en voit l'intérêt.
Quant aux comités mixtes chargés de la délimitation des frontières, ils travaillent tout aussi lentement, la Syrie continuant à refuser que soit définie la nationalité des fermes de Chebaa avant qu'Israël ne les libère. La partie libanaise attend une réponse syrienne sur les propositions qu'elle a avancées concernant le contrôle des frontières et la lutte contre les trafics illégaux. Là aussi, il semblerait que Damas prenne tout son temps, liant ce contrôle à un tracé visiblement prévu à la saint- glinglin. Pendant ce temps, ces frontières restent une passoire absolue, perméables à tous les trafics et notamment celui des armes, en violation flagrante de la résolution 1701 de l'ONU. Un trafic qui inquiète de plus en plus, dans la mesure où cela pourrait être la cause d'un nouvel embrasement, d'une nouvelle guerre dans la région qu'Israël n'hésiterait pas à mener si le Hezbollah se trouvait doté d'armes superdéveloppées qui briseraient l'équilibre militaire qui prévaut actuellement.
Reste, outre la question des disparus et des prisonniers libanais en Syrie, qui continue de stagner comme jamais, celle des armes en possession de groupuscules palestiniens hors des camps. Encore une fois, Damas ne semble pas vouloir bouger le petit doigt, considérant que ces armes sont un complément de la résistance anti-israélienne dont pourrait avoir besoin le Hezbollah et que le désarmement des uns comme de l'autre doit rester tributaire de l'aboutissement d'une paix globale impliquant le retour des réfugiés palestiniens installés au Liban. Autre chose encore, plus sournois : si la Syrie doit se charger du désarmement des Palestiniens hors des camps, cela implique une nécessité pour le Liban d'en faire officiellement la demande...
En un mot comme en cent, la Syrie refuse et continue de refuser, en vrac : de contrôler ses frontières avec le Liban, d'en assurer le tracé, d'en finir avec le Conseil supérieur mixte, d'en finir avec le label « relations privilégiées », de prendre en charge le désarmement palestinien hors des camps. Et il est des signes qui ne trompent pas : Bachar el-Assad et Naji Otri ne paraissent aucunement se souvenir que Michel Sleiman et Saad Hariri les ont très officiellement invités à visiter le Liban.
Toute une histoire...

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