La position récente de Damas vis-à-vis du dossier des Libanais détenus en Syrie et sa détermination à nier l'existence sur son territoire de Libanais séquestrés abusivement ou disparus n'ont pas surpris les ONG libanaises qui suivent le dossier.
C'est ce qu'ont affirmé hier Solide (Soutien aux Libanais en détention et en exil), le comité des parents des détenus libanais en Syrie, le comité des parents des détenus et disparus au Liban et le Centre libanais des droits de l'homme (CLDH) au cours d'une conférence de presse tenue au lendemain de la visite de la délégation ministérielle libanaise à Damas, présidée par le Premier ministre Saad Hariri.
Au terme de cette visite, rappelons-le, un communiqué conjoint libano-syrien a précisé que « les délégations libanaise et syrienne ont décidé de demander au comité chargé du dossier des détenus en Syrie d'achever sa mission au plus vite, et de soumettre son rapport détaillé aux Premiers ministres libanais et syrien, ainsi que des propositions susceptibles d'aider à la clôture de ce dossier ». La Syrie a par ailleurs informé la délégation ministérielle qu'elle n'a pas de « disparus » sur son territoire, mais des « condamnés », et que « la Syrie a plus de 1 000 disparus au Liban ».
« La position syrienne ne nous a pas surpris, affirme Ghazi Aad, porte-parole de Solide. Au contraire, elle était en harmonie avec toutes les positions prises par Damas au cours des dernières années et dans le cadre desquelles la Syrie n'a pas reconnu l'existence de Libanais séquestrés abusivement malgré les preuves que nous possédons et les rapports publiés en ce sens par les Nations unies, et des ONG locales et internationales. »
« La délégation ministérielle libanaise était au courant de la position officielle syrienne bien avant la visite, par le biais des activités de la commission mixte libano-syrienne chargée du dossier et qui, depuis sa formation il y a cinq ans, n'a abouti à aucun résultat, aussi modeste soit-il », ajoute Ghazi Aad.
Et de se demander : « Quelle était la réponse du gouvernement, représenté par le ministre de la Justice, aux démentis syriens ? Le gouvernement était-il prêt à faire face aux données syriennes par des données précises et claires qui confirment la présence de Libanais détenus arbitrairement en Syrie ? Le gouvernement libanais, notamment le ministre de la Justice, doute-t-il de ce dossier pour transmettre le point de vue du gouvernement syrien sans afficher une position claire exprimant leur foi dans cette cause ? »
Rappelant que la clause 15 de la déclaration ministérielle est consacrée au dossier des détenus libanais en Syrie, Ghazi Aad constate que si le gouvernement ne croit pas fermement au dossier, « nous comprenons alors ses réticences » à présenter des preuves à la Syrie. « Mais alors, que dira-t-il aux mères, sœurs et épouses des prisonniers libanais détenus abusivement en Syrie ? se dit-il. Est-ce qu'il leur demande d'oublier leurs bien-aimés et de les sacrifier sur l'autel des relations avec la Syrie aux dépens de leurs souffrances ? »
Soulignant que le dossier des disparus libanais en Syrie est « épineux », Ghazi Aad explique que pour résoudre ce dossier, « un mécanisme opérationnel doit être mis en place ». « Malheureusement, le gouvernement a prétendu qu'il étudiera la formation d'une commission nationale, mais il ne l'a pas fait et a maintenu la commission mixte malgré son flagrant échec, déplore-t-il. Nous craignons qu'elle publie un rapport ou qu'elle recommande de clore le dossier, tel que mentionné dans le communiqué final de la visite à Damas. »
Affirmant que « le dossier des Libanais disparus en Syrie ne peut pas être clôturé de cette manière ridicule », Ghazi Aad indique que « ce dossier ne peut pas être clôturé tant que des parents ignorent le sort des leurs ». « Seule la vérité peut régler le problème », note-t-il.
S'adressant aux autorités syriennes et aux parents des disparus syriens au Liban, Ghazi Aad déclare : « Nous n'entrerons pas dans la polémique pour savoir si oui ou non des Syriens ont disparu au Liban. Main dans la main, coopérons pour mettre en place un nouveau mécanisme rationnel et transparent susceptible de nous aider à connaître le sort de tous les disparus. Mettons ensemble une fin à cette tragédie et jetons les bases à de bonnes relations où il n'y aura pas des disparus libanais en Syrie ou des disparus syriens au Liban. »
De son côté, le président du CLDH, Wadih el-Asmar, a insisté sur « le droit de connaître le sort des Libanais enlevés par les services de renseignements syriens ». « Le gouvernement se doit de vérifier les informations des services de renseignements des partis, d'autant que ceux-ci racontaient qu'ils ont envoyé des Libanais en Syrie, poursuit-il. L'État doit aussi revoir les archives des services de renseignements du commandement de l'armée et des forces de sécurité. » Et Wadih el-Asmar de conclure en constatant que « la commission libanaise chargée actuellement du suivi du dossier ne fait que l'enterrer ».
N. M.
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9 years ago
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