Ibrahim Najjar : La Syrie ne reconnaît pas avoir des détenus sur son territoire
Le ministre de la Justice œuvre à la création d’une direction générale des droits de l’homme.
Depuis sa nomination pour la première fois au gouvernement en 2008, le ministre de la Justice, Ibrahim Najjar, suit de près le dossier des détenus libanais dans les prisons syriennes. Près de deux ans plus tard et suite à de nombreuses démarches entreprises, il aboutit à « deux certitudes par rapport à la situation en l'an 2008 ». Premièrement, « la Syrie ne reconnaît pas l'existence sur son territoire de personnes séquestrées abusivement ou disparues, sauf si elles font partie des détenus ou des condamnés à des peines en vertu de décisions rendues par les tribunaux syriens, explique-t-il. La seconde certitude c'est que les autorités syriennes semblent vouloir coopérer dans un cadre bilatéral juridique équilibré. »
Sur ce dernier point, M. Najjar souligne qu'en novembre 2008, il avait proposé à son homologue syrien de l'époque « la signature d'une convention bilatérale au terme de laquelle il y aurait une entraide judiciaire pour que les détenus ressortissants d'un pays puissent être ramenés dans leur pays d'origine et y purger leur peine ».
Ce projet a été transmis par le Conseil supérieur libano-syrien au gouvernement syrien après l'accord donné par le président de la République et le Premier ministre à l'époque, Fouad Siniora. « Le projet n'a pas suscité de réaction de la part de Damas, jusqu'à il y a trois semaines, lorsque j'ai reçu de la part de la Syrie une réponse émanant de mon homologue dans laquelle il propose la modification de certaines des dispositions de la convention, indique M. Najjar. Ce qu'il propose me paraît être gérable de la manière la plus facile qu'il soit. Il s'agit à mon avis d'une réponse positive que j'ai quand même transmise au service de législation et de consultation au ministère pour qu'il donne son avis. Il m'a donné ses réactions que j'ai transmises au Premier ministre pour qu'elles soient incluses dans le projet de convention. C'est à lui de décider. »
Ce sujet n'a toutefois pas été abordé dans les médias pour différentes raisons. Premièrement, « pour préserver une marge de manœuvre aux autorités libanaises ». Deuxièmement, « parce que rien ne garantit que la signature d'une telle convention va directement aboutir à une remise des détenus aux autorités de chacun des deux pays ». Troisièmement, « parce que dans toutes les conventions bilatérales, les choses ne se déroulent pas à sens unique ».
Est-il favorable à la création d'un conseil national des disparus ? « Il s'agit d'une question qui dépasse de loin le cadre du seul ministère de la Justice, répond M. Najjar. Il y va de la sécurité, des renseignements de l'armée, du pouvoir politique du Premier ministre, du ministère de la Santé, etc. C'est une question qui est essentiellement interministérielle et c'est la raison pour laquelle elle est du ressort et de la compétence du président du Conseil. »
« Pour éviter qu'à l'avenir ce genre de choses ne se répète, j'ai proposé la création, au sein du ministère de la Justice, d'une direction générale des droits de l'homme, ajoute M. Najjar. Je suis en train de travailler à la rédaction des dispositions et des statuts d'une telle direction générale. »
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9 years ago
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