Le sergent Pablo Emilio Moncayo a passé 12 ans en captivité.
Le sergent Pablo Emilio Moncayo, 32 ans, l'un des deux plus anciens otages de la guérilla colombienne des FARC, a retrouvé la liberté mardi dans la nuit en remerciant « Dieu » et « son père » qui, depuis 12 ans, s'acharnait pour qu'il ne soit pas oublié. Avec un sourire contenu, le militaire est descendu de l'hélicoptère qui l'amenait vers sa famille, à Florencia, pour tomber dans les bras de son père Gustavo Moncayo, qu'il a vu pour la dernière fois à l'âge de 19 ans. L'homme, presque aussi connu que lui après avoir parcouru des milliers de kilomètres à pied afin que son fils ne soit pas oublié, lui a présenté ensuite une petite fille brune, un bouquet de marguerites à la main : sa sœur de cinq ans, Valentina, qu'il n'avait jamais vue.
Devant les caméras, le sergent, vêtu d'un treillis militaire, a notamment remercié Dieu et son père « pour son travail infatigable et titanesque » en faveur de sa libération, ainsi que les présidents socialistes équatorien et vénézuélien, Rafael Correa et Hugo Chavez, pour leur médiation, sans jamais mentionner le chef de l'État colombien, Alvaro Uribe. Il a avoué avoir trouvé sa famille « radicalement changée ». « Mais ils restent les êtres tendres qui m'ont toujours soutenu », a-t-il ajouté, au côté de son père. Il a ensuite enlevé les chaînes symboliques que son père porte depuis longtemps aux deux poignets en souvenir de l'enlèvement de son fils, tandis que leurs proches criaient « Libertad, libertad ». « Vous ne savez pas à quel point c'est surprenant de découvrir la civilisation », a-t-il aussi confié, en ajoutant qu'il était « suprêmement admiratif face aux progrès technologiques » qu'il avait pu observer.
« Nous sommes revenus avec une valise pleine d'espérance », a déclaré la sénatrice Piedad Cordoba (Parti libéral, opposition), membre de la mission humanitaire partie chercher l'otage à bord d'un hélicoptère fourni par les forces aériennes du Brésil. Comme lors d'autres libérations, les dernières heures d'attente ont paru interminables et ont été confuses. Selon la sénatrice, l'hélicoptère s'est rendu sur le site convenu avec la guérilla et a ensuite dû se déplacer ailleurs, non loin de la ville de San Jose del Guaviare. « Nous avons craint de revenir les mains vides », a-t-elle dit. La mission humanitaire, qui devait au départ décoller au petit matin, a en outre été retardée de plus de deux heures par les mauvaises conditions climatiques.
« Bienvenue au sergent Moncayo. Nous sommes heureux pour sa famille. La Colombie reçoit les bras ouverts les captifs et rejette avec la plus grande fermeté les auteurs d'enlèvements », a déclaré le président Uribe.
Dans un communiqué diffusé sur Internet par l'agence Anncol, souvent utilisée par la guérilla pour faire passer ses messages, les FARC ont souligné que cette libération sans conditions, la dernière, cherchait à dégager le chemin pour « un échange immédiat des prisonniers de guerre ». Ces « otages politiques », 21 militaires et policiers, dont trois ont également passé le cap des douze ans aux mains des FARC, ne seraient libérables que contre plusieurs centaines de leurs combattants emprisonnés en Colombie et aux États-Unis, ce que les autorités refusent.
Selon des données officielles, il n'y a plus en Colombie que 77 otages, dont les militaires et policiers détenus par les FARC. En 2007, on en recensait officiellement 2 700. L'organisme qui a recensé les otages, Fondelibertad, évoque 744 personnes disparues que l'on ne peut classer au rang des otages, des chiffres contestés par plusieurs ONG.
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9 years ago
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