Les parents des détenus libanais dans les prisons syriennes ont appelé hier le gouvernement à respecter ses engagements pris dans la déclaration ministérielle et à mettre en place une infrastructure nationale qui sera chargée du dossier.
Les parents des détenus libanais dans les prisons syriennes ont dénoncé hier le louvoiement et le statu quo observé au niveau de leur dossier. À l'occasion du cinquième anniversaire du retrait des forces syriennes du Liban, une conférence de presse a été tenue hier dans le jardin Gebran Khalil Gebran, au centre-ville, dans le cadre de laquelle ils ont déploré l'attitude « inhumaine » des responsables dans leur approche du dossier.
« On parle de fosses communes, pourquoi on ne les déterre pas ? se demande ainsi Sonia Eid, présidente du comité des parents des détenus libanais dans les prisons syriennes. Nous avons réclamé la formation d'une commission nationale qui sera chargée du dossier, ils nous ont accusés de vouloir les plonger de nouveau dans la guerre. Nous avons appelé à la formation d'une banque ADN, ils ont répondu que l'identification d'un corps les engagerait dans une controverse sans fin. »
« C'est quoi ce discours ? Qu'en est-il de la justice, de la conscience et des droits de l'homme ? s'écrie Sonia Eid. Est-ce ainsi qu'ils mettent un terme à un dossier aussi important ? Le dossier d'un peuple et d'une nation (...) ? »
« Nous avons eu des témoignages de personnes qui ont affirmé l'existence de prisonniers en Syrie (...), poursuit-elle. Une fosse commune a été déterrée au ministère de la Défense. Et maintenant on nous somme de baisser la voix pour ne pas saboter les relations privilégiées avec la Syrie. »
Et de conclure en rappelant qu'il s'agit, dans le cadre de ce dossier, « d'êtres humains, de jeunes et de martyrs vivants qui ont lutté pour que vive le Liban et vous aussi les politiciens. Ayez pitié de nous. Si vos enfants étaient parmi ces détenus, qu'auriez-vous fait ? »
Des échecs répétés
Ghazi Aad, porte-parole de Solide (Soutien aux Libanais en détention et en exil), a pour sa part dénoncé la façon dont le gouvernement aborde « le dossier de la détention arbitraire en général et celui des détenus libanais dans les prisons syriennes en particulier », comme si celui-ci « allait faire remonter le temps à la période de la guerre et des crises ». « Ils nous avancent comme prétexte la situation précaire du pays », dénonce-t-il.
Expliquant que les données politiques « ont beaucoup changé entre le 26 avril 2005 et le 26 avril 2010 », Ghazi Aad souligne ainsi qu' « au terme de longues années de déni, de marginalisation et d'oppression, le gouvernement a finalement reconnu le dossier et une commission mixte libano-syrienne a été formée à cet effet suite à un accord entre le Premier ministre à l'époque Nagib Mikati et le président syrien, Bachar el-Assad ».
« De plus, les gouvernements qui se sont succédé se sont tous engagés à résoudre le dossier avec les autorités syriennes, a-t-il poursuivi. Ils ont échoué à le faire. » Et d'affirmer : « Rien n'a changé au cours des cinq dernières années. Avant le retrait des forces syriennes, le gouvernement nous rétorquait que ce dossier nuit aux relations libano-syrienne et qu'il était préférable de le mettre en veilleuse. Aujourd'hui, à l'ombre des nouvelles relations avec Damas, le dossier continue à exacerber la tension avec les autorités syriennes. Il vaut mieux, selon les responsables, le traiter loin des passions politiques. Autrement dit, il sera mis en veilleuse. En même temps, ils veulent nous laisser croire qu'ils travaillent sur le dossier, misant sur le temps pour que nous l'oubliions ou pour que nous baissions les bras. Mais le temps est témoin de leur échec. »
Ghazi Aad a, par ailleurs, donné « des preuves de cet échec ». Et de conclure en s'adressant aux responsables politiques : « Nous n'avons jamais prétendu que toutes les personnes disparues se trouvent en Syrie. (...). Mais nous savons, et vous aussi, que des Libanais croupissent dans les prisons syriennes. C'est un droit national que de connaître le destin des Libanais victimes de la disparition arbitraire. Mais vous fuyez le problème. »
Le président du Centre libanais pour les droits de l'homme, Wadih Asmar, a quant à lui rappelé que « les revendications des parents sont humaines et justes ». « Faire la lumière sur le sort des disparus est un premier pas vers l'unification du pays », a-t-il ajouté.
Marche des Kataëb
Par ailleurs, le bureau estudiantin des Kataëb a organisé hier une marche qui s'est lancée de la maison des Kataëb à Saïfi vers le sit-in permanent des parents des détenus libanais, dans le jardin Gebran Khalil Gebran, à laquelle ont pris part notamment les députés Samy Gemayel et Samer Saadé et la famille de Boutros Khawand.
Dans une allocution, M. Gemayel a affirmé que les relations avec la Syrie ne peuvent être améliorées tant que ce dossier n'est pas résolu.
Par la suite, le député Smay Gemayel, le vice-secrétaire général du parti Kataëb, Walid Farès, le président du bureau estudiantin, Patrick Richa, et Albert Costanian, membre du bureau politique du parti, se sont dirigés vers le Grand Sérail où une lettre appelant à accorder la priorité au dossier des détenus a été remise au secrétariat du Conseil des ministres.
Living Room Design
9 years ago
No comments:
Post a Comment